Les autres courses
1500 milles en course
Pour se qualifier à la MINI transat, le skippeur et le bateau doivent courir ensemble 1500 milles. Pour réaliser cette distance, il existe de nombreuses courses dans la classe MINI. Il faut avoir fait au moins une course en solitaire et une course de plus de 500 milles.
En 2024 j'ai participé à 3 courses qui m'ont permis de commencer à me qualifier. Grâce aux Calvados Cup 1 et 2, j'ai réussi à valider 1/3 des milles qu'il me faut. La Mini Transmanche aurait dû me valider les 2/3, mais suite à de nombreuses casses et des conditions météo compliquées j'ai été contraint d'abandonner, je n'ai donc pas validé ces milles. Il me reste donc 1000 milles à valider en 2025 pour me qualifier à la MINI transat.
Les courses de 2024
Le départ a eu lieu à Douarnenez le mardi 25 juin à 8h00; le parcours nous emmenait jusqu’à Deauville (270 NM). Bien que nous ayons franchi la ligne de départ en dernier, nous sommes très vite remontés pour nous positionner en milieu de la flotte. Au passage du Four, au large de Brest, ça soufflait pas mal (25-28 kn), les vagues étaient bien formées et le bateau tapait beaucoup. Nous avons rencontré quelques problèmes techniques notamment avec la quille. Ces avaries nous ont fait perdre un peu de temps mais nous avons pu réparer pour repartir de plus belle. La nuit a été plutôt calme avec peu de vent mais suffisamment pour remonter la flotte. La journée du mercredi a été cruciale, il y avait un grand soleil, il faisait chaud mais il n’y avait aucun vent. Personne n'avançait, on était tous à l'arrêt. On a même envisagé de sortir les rames... Pendant 8h, nous avons guetté le moindre courant d’air, nous étions à l'affût dès que les voiles bougeaient pour avancer mètre par mètre. Cela a été payant car quand le vent est revenu au niveau de l'île de Guernesey, nous avions gagné 5 places. Nous sommes allés au large pour éviter de se faire freiner par le courant du raz Blanchard, puis nous sommes retournés à la côte pour passer le raz de Barfleur. La dernière décision stratégique que nous avons prise a été de passer au sud de la zone interdite des éoliennes. Ce choix nous a permis de prendre le courant à la côte et d’attraper du vent thermique dans l'après-midi du jeudi. Malheureusement, sur le dernier bord, alors que le vent commençait à monter et que les conditions devenaient de plus en plus musclées, nous avons déchiré la Grande Voile ! Pour ne pas abîmer davantage le bateau, nous avons fait le choix de diminuer la voilure, même si cela impactait notre vitesse. Nous avons franchi la ligne d'arrivée le jeudi à 18h11 après 58h de nav. Je termine donc 3ème du classement prototype et 14ème du classement général sur 39 bateaux.
Le départ de cette deuxième course a été donné à Deauville le samedi 29 juin à 19h. Le parcours consistait à aller virer une bouée en Angleterre et à redescendre à Deauville (245 NM). Contrairement à la première course, nous avons pris un excellent départ. Nous étions dans la tête de la flotte pendant toute la soirée. En début de nuit, nous avons pris une option stratégique au large de Barfleur qui fut moins payante que prévu. Nous avions mal anticipé les courants et nous avons perdu beaucoup de places en peu de temps. Cependant, nous nous sommes rattrapés sur la traversée de la Manche. Nous devions remonter au vent et le bateau fonctionnait bien à cette allure. Nous avons passé la bouée en Angleterre en première place des prototypes ! Après une grosse journée de concentration intense et d’effort physique, la nuit a été compliquée. La fatigue commençait à s'accumuler mais nous devions rester concentrés pour le passage du rail des Cargos, tout ça de nuit. Une zone assez dangereuse qui demande de la vigilance. Une fois en sécurité, nous avions besoin de repos et n'arrivions plus à rester éveillés et concentrés. Cela nous a valu quelques places au classement pendant la descente jusqu’à Cherbourg. Au petit matin, nous avons bien négocié le raz de Barfleur avec un passage au large pour éviter le courant. Sur le dernier bord, nous avons dépensé toute l'énergie qu’il nous restait pour régler les voiles à la perfection et adapter les réglages aux moindres modifications de vent. Cette concentration sans faille nous a permis de gagner 3 places dans les deux dernières heures. Nous avons franchi la ligne lundi à 18h25 après 47h de nav. Je termine donc de nouveaux 3ème du classement prototype et 14ème du classement général sur 31 bateaux.
Le départ a été donné à Ouistreham le dimanche 18 août à 12h10. Après plusieurs bords et de bonnes options stratégiques, j’ai passé le raz de Barfleur dans la soirée et le raz Blanchard dans la nuit. Au matin, le vent est tombé et le courant à commencé à s'inverser. Je me suis fait réaspiré par le raz Blanchard, je faisais marche arrière sans rien pouvoir contrôler... Mon erreur a été de ne pas mettre l’ancre. Après une journée de course, j’avais déjà 8h de retard sur la tête de flotte.
Quand le vent est revenu, je suis reparti en direction de Wolf Rock, la pointe de l'Angleterre. Pendant cette traversée j’ai dû faire face à deux fronts. Ces passages assez techniques ont eu raison de ma barre de liaison. Cette pièce en carbone qui me permet de diriger mon bateau s’est cassée. Après m'être légèrement dérouté pour bricoler la pièce, le système était de nouveau opérationnel et j'étais reparti !
J’ai passé Wolf Rock après 3 jours de course. A partir de là, ça a été le début des galères. Après plusieurs heures à essayer de régler mon pilote automatique, je n’y suis jamais parvenu. Je me suis donc résigné à barrer sans m'arrêter. Le vent a commencé à monter et les avaries se sont enchaînées. Je suis resté à la barre de mon bateau pendant 24h et j’ai longé comme cela toute la côte anglaise. Le vent continuait à monter et j'étais de plus en plus fatigué. Je pensais que ça allait être plus calme au matin du 4ème jour mais les conditions météo se sont empirées. Il y avait des vagues de 3m, des rafales de vent à 40 kn (75 km/h) et j'étais trempé.
A un moment, une vague a déferlé sur le côté du bateau, elle a commencé à le retourner et le mat a frappé l’eau. Suspendu aux filières, je croyais que le mât allait casser, mais le bateau a fini par se redresser péniblement. Après de longues heures à lutter dans ces conditions sans réussir à atteindre la dernière marque du parcours, j’ai pris la lourde décision d’abandonner et d’aller m’abriter en Angleterre. Après 4 jours en mer et 400 milles parcourus (sur 500), c’était la fin de la course pour le mini 304. Au final, sur 11 coureurs au départ seuls 6 ont réussi à finir la course.
Bien que cette course ne m'ai pas permis de valider les milles de qualification, je suis content de cette aventure. Cette expérience de tempête me servira pour le reste de mon projet. Je connais maintenant mieux mon bateau et j’ai pris conscience de l’importance de l’humain dans des courses solitaires de plusieurs jours.